vendredi 10 octobre 2025

Samouraï - Fabrice Caro

 




    Parfois, lorsque je termine un livre, une seule envie me prend, celle de dire " Merci".

    Je m'imagine écrire à l'auteur un long message de remerciements, et lui dire que, même si son roman n'est pas l'œuvre du siècle, il m'a apporté une espèce de fulguration consolatoire, une parenthèse dans les contingences de mon existence. Là, je m'épancherais en de longues phrases, parfaitement élogieuses, afin d'exprimer mes impressions; enfin surtout celles de mon soulagement, parce que " Cher Monsieur Caro, vous m'avez fait rire, vous m'avez libéré des ancres ankylosées du quotidien".

    Voilà, je lui avouerais, sans pudeur, que dans ce monde où les éclats d'enchantement peinent à surgir, son livre en était un. Je lui dirais que je l'ai lu sans jamais me laisser distraire par mes pensées inquiètes, et qui s'invitent si souvent au milieu des histoires; et que c'est cette légèreté du récit, son humour aussi, son personnage surtout, qui les ont éloignés.

    Samouraï, c'est l'histoire d'Alan, un écrivain raté, qui vient d'être quitté par sa petite amie Lisa pour un universitaire spécialiste de Ronsard. " Tu veux pas écrire un roman sérieux ? " est le dernier conseil qu'elle lui a lancé, et depuis, Alan recherche ce fameux sujet "sérieux" en s'y plongeant avec la discipline d'un guerrier samouraï. Sauf qu'il doit s'occuper de la piscine de ses voisins partis en vacances, et qu'elle ne cesse de se troubler et d'être envahie par des notonectes. Sauf que son ami d'enfance se suicide; et c'est sans compter sur ses amis Jeanne et Florent qui décident de reprendre sa vie amoureuse en main.

    Alan, c'est Monsieur tout le monde. Derrière ce rôle d'anti-héros qui ne sait pas dire non, maladroit et gaffeur, angoissé par le syndrome du volontaire, se trouvent toutes les failles de l'Homme - avec un grand H, oui; parce qu'il n'y a rien, dans ce personnage, qu'une femme ne pourrait pas avoir elle-même ressenties. Car, même au plus près de ma féminité, j'ai trouvé des similitudes, des pensées partagées, des maladresses commises; et toute cette absurdité de la vie qui s'épanche dans le sillage d'Alan trouve écho à mes propres chemins de réflexion. Voilà, tout ce non-sens, les vies fantasmées, les vies cachées, les vies non-vécues, tout se joue là, dans ce roman, avec humour et délire.

    Alors, merci, Monsieur Caro. Quoi que l'on puisse penser de votre roman, en bien ou en mal, moi, j'y ai vu une esthétique de l'humain certes médiocre, mais pas mauvais, élevée sur les rangs de la normalité et de l'humour. Merci de m'avoir offert cette pause hors du temps, une pause composée enfin de sourires et de rires, alors que s'épanchent, autour de moi, les traces de la vraie médiocrité : la méchanceté.

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