dimanche 10 août 2025

Le totem des Baranda - Melchior Mbonimpa

 





    J'ai un plaisir dans la vie qui m'apaise et me réchauffe, comme si mon intérieur - mon âme ou mon esprit - retrouvait son équilibre. Il me suffit de franchir la porte d'une librairie ou d'une bibliothèque et d'errer dans les rayons : le contact avec les livres, l'injonction au silence qui encercle leur prise en main, et parfois même l'odeur familière qui s'en dégage, me jettent dans une plénitude salutaire. Là seulement, j'ai le sentiment de me trouver à ma place. 

    De cet apaisement, et si le temps me le permet, je me laisse porter par une errance soumise aux hasards des choses. Sans rien calculer ni réfléchir, je déniche un livre et l'adopte, secrètement grisée par cette rencontre imprévue. Le totem des Baranda est un livre choisi au gré d'un regard : j'ai été séduite par la couleur et la saveur africaine de sa couverture.

    L'expérience est d'autant plus délicieuse quand le livre se révèle une agréable découverte; Le totem des Baranda s'est installé dans ma routine de lecture avec une impatience raisonnable. J'étais heureuse de le reprendre en main, de le poursuivre et d'apprécier sa langue dépouillée. La pérégrination dans cette grande saga familiale avait la saveur de mes errances au milieu des livres, un voyage introspectif, sans but et sans direction, au coeur de l'Afrique des Grands Lacs. 

    Ce roman choral porte les vingt-quatre récits des quinze générations d'hommes et de femmes du clan des Baranda. Melchior Mbonimpa raconte le système des castes à l'origine des conflits qui ravagent l'Afrique, des tabous et des traditions qui tout à la fois tiraillent et solidifient les liens. L'auteur construit un univers fictionnel tout en y apportant un regard critique et historique sur l'histoire de ses origines. 

    Le roman commence en 2125, avec le récit de Maya Niki qui, après avoir fouillé dans les archives familiales, donne la parole à ses ancêtres, chacun apportant sa voix, sa couleur et son témoignage à  l'histoire familiale. Ainsi se raconte le premier des Baranda, Karanda, qui après avoir fui son village, se réfugie parmi un autre peuple. De sa vie prospére, il laisse un testament à ses fils qu'il incite à se disperser, afin de leur éviter une vie de servitude. 

    Ce roman m'a accompagné dans une des périodes les plus compliquées de mon existence - et contrairement à celui qui l'a précédé, il  m'a apporté cette plénitude que j'aime retrouver lors de mes virées en librairie. Alimentée par cette bulle hors du temps, mon asile, cette grande histoire familiale m'a transporté ailleurs. Loin dans l'Afrique. Loin de ma réalité. 




    

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