jeudi 17 juillet 2025

Vi - Kim Thúy

 



    De l'œuvre de Kim Thúy, je ne connaissais rien, si ce n'est peut-être Ru dont la couverture, marquée d'un dragon rose, à longtemps occupé les rayons des librairies. Je l'ai toujours aperçu sans oser m'y attarder, portée par la méfiance des succès trop encensés: combien de fois ai-je été influencée par la vague populaire sans y retrouver le même engouement ? Mais la vie m'a prouvé à multiples reprises que la méfiance me donne parfois tort, et de certaines œuvres volontairement écartées, peut surgir une agréable surprise.


J'ai retrouvé chez l'autrice, le style dépouillé que j'affectionne, non pas seulement dans la sobriété de la langue, mais dans l'absence de sentimentalisme. Du sujet du roman, pourtant tragique, découle une forme de distanciation régie par l'objectivité du texte : telle Fanie Demeule, Kim Thúy ne s'embarrasse ni de lyrisme, ni de superflu. Au contraire, c'est bien le constat brut, honnête, qui dévoile la force et la charge des émotions dissimulées. J'y vois, moi, un indéniable talent.

    Kim Thúy est connue pour livrer des récits intimistes à cheval sur son Vietnam natal et son pays d'adoption; avec Vi - et si je me réfère aux nombreux commentaires sur internet - elle renouvelle cette incursion au cœur de l'identité biculturelle. De sa plume presque clinique, elle retrace le parcours de Vi, une jeune fille forcée à l'exil après l'invasion du communisme au Vietnam. Installée au Québec avec sa famille, elle témoigne de la difficulté à préserver les traditions de sa naissance dans une culture occidentale qui l'incite à s'en libérer. Et alors qu'elle semble s'éloigner de son héritage, presque répudiée pour l'avoir fui, c'est pourtant elle qui renoue avec son histoire en devenant traductrice. 

    Mais au-delà du thème du choc des cultures - ou celui de l'exil et de l'histoire du Vietnam -, il émerge du récit quelque chose de l'ordre de la répétition qui transcende les peuples et leurs racines. L'histoire familiale s'inscrit dans un ordre cyclique, où fille et mère, malgré tout ce qui les sépare, reproduisent les mêmes nodosités de l'amour.
    

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