Les autrices québécoises ont la cote, cette année. Plus je les lis, plus je découvre des plumes, des artistes de la langue, des textes innovants, qui m'inspirent dans ma propre exploration de l'écriture. Andrée A. Michaud est, pour moi, une nouvelle et heureuse découverte, malgré plusieurs romans déjà parus et une réputation bien établie. (L'autrice a remporté deux fois le prix Rivage des libraires, ce qui est digne de mention).
C'est là, je crois, que réside toute la force de ce roman. Dans l'écriture et dans le travail du langage. Car l'histoire de Baignades ne brille pas par son originalité : elle reflète quelque chose de l'ordre du déjà-vu et propose des codes, presque des tropes, du genre de l'horreur et du thriller. Une famille en vacances dont le séjour tourne au cauchemar. Une forêt hostile sous une pluie battante. La nuit épaisse comme unique témoin de l'horreur. Jusqu'ici, aucun de ces éléments ne se réclame d'une subversion des clichés; au contraire, l'autrice les utilise et explore leurs conséquences tragiques. Mais ce qui distingue Baignades de ses homologues est sa poétique. L'intrication de la composition de la phrase avec le choix du vocabulaire permet à la narration de s'élever sur cette singularité tant revendiquée. Car, oui, Andrée A. Michaud propose là quelque chose de neuf sur le terrain formel. Elle opère un certain charme sur la langue, rendant celle-ci si captivante qu'elle fut, pour moi, l'unique prétexte de ma lecture; la plume supplantant l'histoire qu'elle raconte.
Or, il serait quelque peu fallacieux de prétendre que l'originalité de Baignades ne repose que sur son style. L'autrice va, en réalité, plus loin que ce que l'arc narratif du genre offre à ses lecteurs, en proposant une seconde partie au roman. En effet, la structure narrative d'un thriller est traditionnellement constituée d'une résolution, consistant à capturer le méchant ou à résoudre l'énigme; Andrée A. Michaud va, elle, au-delà de cet archétype. Elle explore et sonde les conséquences du drame sur ses victimes et sur celles, collatérales, des liens familiaux.
Cette seconde partie se situe quatre ans plus tard, lors d'une réunion familiale, profondément marquée par le poids du drame, des secrets et des silences. À travers les yeux de Madeleine, la mère et grand-mère des victimes, le lecteur assiste à l'effritement, puis à l'éclatement du nœud familial. Se joue là " l'après ", les conséquences secondaires, l'a posteriori, souvent négligés par la narration : Andrée A.Michaud propose une résolution narrative introspective. Car cette seconde partie ne se contente pas d'explorer les enjeux d'une dynamique familiale profondément bouleversée, mais de montrer un autre visage de l'horreur. Au terme du récit - et sans trop vouloir divulgâcher la fin du roman - l'autrice révèle combien l'enchaînement des doutes, des certitudes ébranlées et des non-dits diabolisent la réalité; et conduisent, peut-être, au pire.
Baignades est un roman d'horreur construit en deux temps. Un premier temps, rapide et rythmé sur une forme d'horreur plus active, extérieure, voire concrète dans sa représentation, et un second temps, plus lent, plus abstrait et axé sur l'introspection.
Et en prélude à ses deux temporalités, à ses deux formes narratives, les lacs sont les instigateurs involontaires des drames; de baignades innocentes en famille jaillissent l'horrifique et l'angoisse.
C'est là, je crois, que réside toute la force de ce roman. Dans l'écriture et dans le travail du langage. Car l'histoire de Baignades ne brille pas par son originalité : elle reflète quelque chose de l'ordre du déjà-vu et propose des codes, presque des tropes, du genre de l'horreur et du thriller. Une famille en vacances dont le séjour tourne au cauchemar. Une forêt hostile sous une pluie battante. La nuit épaisse comme unique témoin de l'horreur. Jusqu'ici, aucun de ces éléments ne se réclame d'une subversion des clichés; au contraire, l'autrice les utilise et explore leurs conséquences tragiques. Mais ce qui distingue Baignades de ses homologues est sa poétique. L'intrication de la composition de la phrase avec le choix du vocabulaire permet à la narration de s'élever sur cette singularité tant revendiquée. Car, oui, Andrée A. Michaud propose là quelque chose de neuf sur le terrain formel. Elle opère un certain charme sur la langue, rendant celle-ci si captivante qu'elle fut, pour moi, l'unique prétexte de ma lecture; la plume supplantant l'histoire qu'elle raconte.
Or, il serait quelque peu fallacieux de prétendre que l'originalité de Baignades ne repose que sur son style. L'autrice va, en réalité, plus loin que ce que l'arc narratif du genre offre à ses lecteurs, en proposant une seconde partie au roman. En effet, la structure narrative d'un thriller est traditionnellement constituée d'une résolution, consistant à capturer le méchant ou à résoudre l'énigme; Andrée A. Michaud va, elle, au-delà de cet archétype. Elle explore et sonde les conséquences du drame sur ses victimes et sur celles, collatérales, des liens familiaux.
Cette seconde partie se situe quatre ans plus tard, lors d'une réunion familiale, profondément marquée par le poids du drame, des secrets et des silences. À travers les yeux de Madeleine, la mère et grand-mère des victimes, le lecteur assiste à l'effritement, puis à l'éclatement du nœud familial. Se joue là " l'après ", les conséquences secondaires, l'a posteriori, souvent négligés par la narration : Andrée A.Michaud propose une résolution narrative introspective. Car cette seconde partie ne se contente pas d'explorer les enjeux d'une dynamique familiale profondément bouleversée, mais de montrer un autre visage de l'horreur. Au terme du récit - et sans trop vouloir divulgâcher la fin du roman - l'autrice révèle combien l'enchaînement des doutes, des certitudes ébranlées et des non-dits diabolisent la réalité; et conduisent, peut-être, au pire.
Baignades est un roman d'horreur construit en deux temps. Un premier temps, rapide et rythmé sur une forme d'horreur plus active, extérieure, voire concrète dans sa représentation, et un second temps, plus lent, plus abstrait et axé sur l'introspection.
Et en prélude à ses deux temporalités, à ses deux formes narratives, les lacs sont les instigateurs involontaires des drames; de baignades innocentes en famille jaillissent l'horrifique et l'angoisse.
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